Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée


Il s’arrêtait comme s’il attendait quelque chose, et si je pressais le pas, il reprenait sa marche. Nous arrivâmes ainsi jusqu’au milieu de la place de la cathédrale.

Cela me devenait insupportable ; je me retournai et je lui dis : Parle maintenant, pourquoi me suis-tu ainsi jusqu’au milieu de ce désert nocturne ?

Je te rencontre toujours à l’heure où les grandes idées grondent dans ma poitrine, et que les éclairs de la pensée jaillissent de mon esprit.

Tu me regardes si fixement ! — Parle, explique-toi ! Que caches-tu sous ton manteau ? Ça brille si terriblement ! Qui es-tu, et que veux-tu ?

Il répondit d’un ton sec et même un peu maussade : Je t’en prie, ne m’exorcise pas, et pour l’amour de Dieu ! ne deviens pas pathétique.

Je ne suis point un fantôme du passé, un spectre échappé de la tombe. Je n’aime pas la rhétorique, je ne suis pas non plus très dialecticien.

Je suis d’une nature pratique, toujours calme et taciturne. Sache-le donc : ce que ton esprit médite, c’est moi qui l’exécute.

Et les années ont beau s’écouler, je n’ai point de cesse, jusqu’à ce que j’aie changé en réalité les billevesées de ta pensée. Toi, tu penses, et moi, j’agis.

Tu es le juge, je suis le bourreau, et avec l’obéissance