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J’ai pleuré en rêve ; je rêvais que tu m’aimais encore ; je m’éveillai, et le torrent de mes larmes coule toujours.


57

Toutes les nuits je te vois en rêve, et je te vois souriant gracieusement, et je me précipite en sanglotant à tes pieds chéris.

Tu me regardes d’un air triste, et tu secoues ta blonde petite tête ; de tes yeux coulent les perles humides de tes larmes.

Tu me dis tout bas un mot, et tu me donnes un bouquet de roses blanches. Je m’éveille, et le bouquet est disparu, et j’ai oublié le mot.


58

La pluie et le vent d’automne hurlent et mugissent dans la nuit ; où peut se trouver à cette heure ma pauvre, ma timide enfant ?

Je la vois appuyée à sa fenêtre, dans sa chambrette solitaire ; les yeux remplis de larmes, elle plonge ses regards dans les ténèbres profondes.


59

Le vent d’automne secoue les arbres, la nuit est humide et froide ; enveloppé d’un manteau gris, je traverse à cheval le bois.

Et tandis que je chevauche, mes pensées galopent devant moi ; elles me portent léger et joyeux à la maison de ma bien-aimée.

Les chiens aboient, les valets paraissent avec des flambeaux ; je gravis l’escalier de marbre en faisant retentir mes éperons sonores.

Dans une chambre garnie de tapis et brillamment éclairée, au milieu d’une atmosphère tiède et parfumée, ma bien-aimée m’attend. — Je me précipite dans ses bras.