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Lorsque deux amants se quittent, ils se donnent la main et se mettent à pleurer et à soupirer sans fin.

Nous n’avons pas pleuré, nous n’avons pas soupiré : les larmes et les soupirs ne sont venus qu’après.


51

Assis autour d’une table de thé, ils parlaient beaucoup de l’amour. Les hommes faisaient de l’esthétique, les dames faisaient du sentiment.

« L’amour doit être platonique, » dit le maigre conseiller. La conseillère sourit ironiquement, et cependant elle soupira tout bas : « Hélas ! »

Le chanoine ouvrit une large bouche : « L’amour ne doit pas être trop sensuel ; autrement il nuit à la santé. » La jeune demoiselle murmura : « Pourquoi donc ? »

La comtesse dit d’un air dolent : « L’amour est une passion ! » Et elle présenta poliment une tasse à M. le baron.

Il y avait encore à la table une petite place ; ma chère, tu y manquais. Toi, tu aurais si bien dit ton opinion sur l’amour !


52

Mes chants sont empoisonnés : comment pourrait-il en être autrement ? Tu as versé du poison sur la fleur de ma vie.

Mes chants sont empoisonnés : comment pourrait-il en être autrement ? Je porte dans le cœur une multitude de serpents, et toi, ma bien-aimée !


53

Mon ancien rêve m’est revenu : c’était par une nuit du mois de mai ; nous étions assis sous les tilleuls, et nous nous jurions une fidélité éternelle.