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Les fleurs chuchotaient et parlaient ensemble, mais moi je marchais silencieux.

Les fleurs chuchotaient et parlaient, et me regardaient avec compassion. « Ne te fâche pas contre notre sœur, ô toi, triste et pâle amoureux ! »


47

Mon amour luit dans sa sombre magnificence comme un conte fantastique raconté dans une nuit d’été :

« Dans un jardin enchanté, deux amants erraient solitaires et muets. Les rossignols chantaient, la lune brillait.

« La belle adorée s’arrêta, calme comme une statue ; le chevalier s’agenouilla devant elle. — Vint le géant du désert, la timide jeune fille s’enfuit.

« Le chevalier pourfendu tomba sanglant sur la terre ; le géant retourna lourdement dans sa caverne. » Je suis parfaitement occis, on n’a plus qu’à m’enterrer, et le conte est fini.


48

Ils m’ont tourmenté, fait pâlir et blêmir de chagrin, les uns avec leur amour, les autres avec leur haine.

Ils ont empoisonné mon pain, versé du poison dans mon verre, les uns avec leur haine, les autres avec leur amour.

Pourtant la personne qui m’a le plus tourmenté, chagriné et navré, est celle qui ne m’a jamais haï et ne m’a jamais aimé.


49

L’été brûlant réside sur tes joues ; l’hiver, le froid hiver habite dans ton cœur.

Cela changera un jour, ô ma bien-aimée ! L’hiver sera sur tes joues, l’été sera dans ton cœur.