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Robe à paniers richement fleurie, petites mouches sur ses joues fardées, souliers à pointes et passementeries, coiffure en tour taille de guêpe :

Ainsi s’attifait la fausse Muse, puisqu’elle vint un jour amoureusement t’enlacer : mais tu te détournas d’elle et poursuivis ta marche vagabonde, conduit par ton obscur instinct.

Dans une antique solitude tu découvris un château, à l’intérieur duquel la plus belle des jeunes filles, telle qu’une pure statue de marbre, dormait d’un sommeil enchanté.

Mais ton salut eut tôt fait de rompre l’enchantement ; la vraie Muse d’Allemagne s’éveilla souriante, et, enivrée d’amour, se jeta dans tes bras.


3

Non content de tes propres richesses, tu voulus encore te rafraîchir au séjour des Nibelungen sur le Rhin ; aux rives de la Tamise, tu pris des merveilles, et cueillis hardiment les fleurs des bords du Tage.

Près du Tibre, tu as exhumé plus d’un trésor ; la Seine a rendu hommage à ta gloire ; tu pénétras jusque dans le sanctuaire de Brahma et voulus aussi posséder les perles du Gange.

Homme avide, crois-m’en ! Tu dois te contenter de ce qui ne fut donné qu’à quelques hommes : Au lieu d’amasser toujours, songe désormais à prodiguer.

Et des trésors rapportés sans peine du nord et du midi, enrichis maintenant ton disciple, fais de lui ton joyeux héritier.


À MA MÈRE B. HEINE
Née Van Geldern


1

J’ai pour habitude de porter très haut la tête ; je suis de