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Simonisme, si même il n’y avait pas adhéré, ne pouvait se satisfaire d’un vague radicalisme. C’était un ardent démocrate et parfois un socialiste étrangement hardi et clairvoyant.

Ce fut seulement après les deux voyages qu’il fit dans sa patrie, en 1843 et 1844 qu’il redescendit dans l’arène poétique, avec ses Nouvelles Poésies, son Germania, conte d’hiver (inséré dans la revue allemande que le jeune Karl Marx publiait alors à Paris) et en 1847, Atta Troll. Germania fut interdit en Prusse, et le mandat d’arrêt qui fut à cette occasion lancé contre Heine contribua à le décider à ne plus revoir son pays.

L’oncle Salomon étant mort en 1843, en ne laissant qu’un capital de 10 000 francs, Heine réclama à son cousin Karl la pension annuelle qu’il avait jusque là reçue de son oncle. Entre Karl et lui, les négociations furent longues et parfois peu cordiales. Finalement on tomba d’accord ; le poète obtint la continuation de sa pension, qui fut même élevée à 5 000 frs. et déclarée réversible, après sa mort, sur la tête de Mathilde Mirat.

C’est en janvier 1845 que Heine ressentit les premières atteintes du mal de la moelle épinière qui, de 1848 à sa mort, devait le clouer sur un lit de douleur. Il supporta ses terribles souffrances avec un stoïcisme et une abnégation des plus rares. Son esprit, narguant le mal, demeurait lucide et léger ainsi qu’aux plus beaux jours. Quand il ne put plus écrire, il dicta. C’est ainsi qu’il produisit encore le Romancero et le Livre de Lazare, qui contiennent de parfaits poèmes, un ballet de Faust destiné au théâtre de Vienne, quelques mélanges, et des poésies qui ne furent imprimées qu’après sa mort. En même temps, il préparait une édition française de ses œuvres complètes, mais il n’en put donner lui-même que les premiers volumes. Il mourut le 17 février 1856, dans son domicile de la rue Matignon, et fut inhumé à Paris au cimetière Montmartre.