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Versez vos larmes dans mon âme, étoiles, yeux du ciel, pour que mon âme soit inondée sous vos larmes de lumière.

Bercé par les vagues et par mes rêveries, je suis étendu tranquillement dans la couchette de ma cabine.

À travers la lucarne ouverte, je regarde la-haut les claires étoiles, les chers et doux yeux de ma chère bien-aimée.

Les chers et doux yeux veillent sur ma tête, et ils brillent et clignotent du haut de la voûte azurée du ciel.

À la voûte azurée du ciel je regardais heureux, durant de longues heures, jusqu’à ce qu’un voile de brume blanche me dérobât les yeux chers et doux.

Contre la cloison, où s’appuie ma tête rêveuse, viennent battre les vagues furieuses ; elles bruissent et murmurent à mon oreille : « Pauvre fou ! ton bras est court et le ciel est loin, et les étoiles sont solidement fixées la-haut avec des clous d’or. — Vains désirs, vaines prières ! tu ferais mieux de t’endormir. »

Je rêvais d’une lande déserte, toute couverte d’une muette et blanche neige, et sous la neige blanche j’étais enterré et je dormais du froid sommeil de la mort.

Pourtant là-haut, de la sombre voûte du ciel, les étoiles, ces doux yeux de ma bien-aimée, contemplaient mon tombeau, et ces doux yeux brillaient d’une sérénité victorieuse et placide, mais pleine d’amour.


8


TEMPÊTE


La tempête est déchaînée et fouette les flots. Les flots, écumant et se cabrant de rage, s’élèvent comme des tours, et