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SUR LE HARTZ[1]

1824



PROLOGUE

Habits noirs, bas de soie, manchettes blanches et cérémonieuses, discours doucereux, embrassades… Ah ! s’ils avaient seulement des cœurs !

Des cœurs dans le sein, et de l’amour, de l’amour brillant dans le cœur… Ah ! je suis assourdi par leur ramage, ramage mensonger d’amour.

Je veux gravir les montagnes où sont de pieuses cabanes, où la poitrine respire avec liberté, où souffle un air plus libre.

Je veux gravir les montagnes où s’élancent les sombres sapins, où les ruisseaux murmurent, où les oiseaux chantent, où les nuages passent avec fierté.

Adieu, salons polis ! Hommes polis ! dames polies ! Je veux gravir les montagnes et laisser sous mes pieds votre fourmilière.


SUR LE HARDENBERG

Revenez, vieux songes d’autrefois, ouvre-toi, porte de mon cœur ! Que de chants de délices et de larmes douloureuses merveilleusement en jaillissent !

Je veux errer à travers les sapins, où la source gaiement murmure, où les cerfs orgueilleux cheminent, où la grive siffle son chant.

  1. Les poèmes suivants figurent dans le Voyage au Harz des Reisebilder. (Note des éditeurs).