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— « Je suis si malade, ô ma mère ! que je n’entends ni ne vois ; je pense à ma chère morte, et cela me déchire le cœur. »

— « Lève-toi, nous irons à Kevlaar, prends tes Heures et ton rosaire ; la mère de Dieu guérira ton cœur endolori. »

Les bannières de la croix flottent au vent, les saints cantiques retentissent, c’est à Cologne sur le Rhin, que passe la procession.

La mère et le fils suivent la foule, tous deux chantent en chœur : « Gloire à toi, Marie ! »


2

Notre-Dame de Kevlaar porte aujourd’hui ses plus beaux habits ; aujourd’hui elle a beaucoup à faire, il lui vient des malades en foule.

Les malades lui présentent comme offrande des membres de cire, beaucoup de pieds et de mains de cire.

Et celui qui offre une main de cire, sa main malade devient saine, et celui qui offre un pied de cire, son pied se guérit.

Bien des gens allèrent à Kevlaar avec des béquilles qui maintenant sautent à la corde, beaucoup jouent maintenant du violon qui y vinrent ne pouvant remuer un seul doigt.

La mère prit un cierge et en forma un cœur. — « Porte cela à la mère de Dieu, elle guérira ton mal. »

Le fils prit en soupirant le cœur de cire, le porta en soupirant devant la sainte image ; les larmes lui jaillirent des yeux, ces mots lui jaillirent du cœur :

« Très-glorieuse Marie, servante immaculée et mère de Dieu, reine du ciel, entends ma plainte.

« Je demeurais avec ma mère dans la ville de Cologne, la ville qui compte par centaines les chapelles et les églises.

« Et près de nous demeurait la petite Margaretha qui dernièrement est morte ; Marie, je t’apporte un cœur de cire, guéris-moi la blessure de mon cœur.