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des effets de la musique.

née encore. L’objet est confondu avec l’âme elle-même. Par conséquent, lors même que la musique se combine avec la poésie comme art d’accompagnement, ou, réciproquement, lorsque la poésie accompagne la musique comme interprète chargée d’expliquer la pensée, la musique toutefois ne peut vouloir rendre extérieurement visible ou reproduire clairement des idées et des pensées telles qu’elles sont conçues par l’esprit. Elle doit, comme il a été dit, s’adresser à la sensibilité, éveiller le sentiment d’une situation morale simple, et cela en vertu de l’harmonie naturelle des sons avec cette situation. Lorsqu’elle accompagne la poésie et la rend plus expressive, elle doit également chercher à mieux exprimer les sentiments que sont capables d’exciter les pensées ou les images qui se succèdent dans l’esprit ; de manière que l’intelligence conçoive, et que l’âme soit sympathiquement émue.

III. Par ce caractère de la musique s’explique la puissance avec laquelle elle agit sur l’âme et principalement sur la sensibilité. Elle ne va pas jusqu’à éveiller les conceptions de l’entendement, ni jusqu’à évoquer dans l’esprit des images qui dispersent son attention ; elle se concentre dans la région profonde du sentiment ; c’est là qu’elle vit et qu’elle habite, c’est la sphère dont elle s’empare. Placée à ce siège des changements intérieurs de l’âme, à ce point central et simple de tout l’homme, elle l’ébranle et le remue tout entier.

La sculpture, particulièrement, donne à ses œuvres