Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
musique.

nous révéler le côté profond, substantiel de son sujet, soit qu’elle se contente de rendre le côté de la vie et de l’animation intérieure. Dans tous les cas, c’est toujours la partie intime et sentimentale qui est son objet propre.

Or, le sentiment, dans sa généralité, comprend divers états particuliers de l’âme qui entrent également dans le domaine de la musique. La sphère du sentiment est très-vaste, et très-variée. Toutefois, quels que soient les sujets déterminés qu’elle embrasse, il faut toujours que ceux-ci n’abandonnent pas ce caractère d’intimité qui la distingue, et n’affectent pas des relations extérieures. Par là le sentiment reste toujours la forme qui enveloppe lé pensée, et c’est celte sphère qui est revendiquée par la musique.

Ainsi, dans son développement, elle exprime tous les sentiments particuliers, toutes les nuances de la joie, de la sérénité, de la gaieté spirituelle et capricieuse, l’allégresse et ses transports, comme elle parcourt tous les degrés de la tristesse et de l’anxiété. Les angoisses, les soucis, les douleurs, les aspirations ; l’adoration, la prière, l’amour deviennent le domaine propre de l’expression musicale.

Déjà en dehors de l’art, le son, comme interjection, comme cri de la douleur, comme soupir, éclat de rire, est la manifestation immédiate la plus vivante des états et des sentiments de l’âme, l’exclamation du cœur. Il y a là une production spontanée, une révélation subite de l’âme comme âme. C’est une expression qui tient le milieu entre la concentration, l’absorption