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ses rapports avec la poésie.

profondes fournissent aussi peu un bon texte musical que les descriptions de la nature extérieure et la poésie descriptive en général. Les chansons, les ariettes d’opéra, les textes d’oratorio, etc., peuvent donc, en ce qui concerne l’exécution poétique dans ses détails, être assez maigres et d’une certaine médiocrité. Le poète doit, s’il veut laisser le champ libre au musicien, ne pas vouloir se faire admirer comme poète. Sous ce rapport, les Italiens surtout, comme Métastase, par exemple, et d’autres, ont été d’une grande habileté ; tandis que les poésies de Schiller, qui n’ont été nullement composées dans un tel but, se prêtent très difficilement à la composition musicale et même y sont tout à fait rebelles. D’ailleurs, là où là musique parvient à une exécution parfaite, on n’entend presque rien du texte, surtout dans notre idiome allemand et avec notre prononciation. C’est donc une tendance contraire à l’art musical que de placer le principal intérêt dans le texte. Un public italien, par exemple, cause pendant les scènes insignifiantes d’un opéra, mange, ou joue aux cartes, etc. ; mais une ariette remarquable vient-elle à commencer, ou quelque autre morceau de musique important, chacun prête la plus grande attention. Nous autres Allemands, au contraire, nous prenons le plus vif intérêt au sort des princes et des princesses d’opéra, à leurs discours avec leurs serviteurs, leurs écuyers, leurs confidentes et leurs soubrettes. Il n’est même pas rare de voir des spectateurs qui, aussitôt que le chant commence, se plaignent que l’intérêt soit interrompu et