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ses rapports avec la poésie.

conséquent, la valeur d’un signe d’idées privé de sens par lui-même.

C’est un pur phénomène sensible indépendant de son expression. Des sensations, des idées, des pensées sont attachées à ce signe ; mais il ne s’identifie pas avec elles, il reste un objet extérieur, perçu par les sens. Si la sensation et la pensée deviennent un objet pour l’esprit, ce n’est pas parce qu’elles s’expriment dans des avis ou par des mots, c’est que nous en avons conscience, et qu’elles sont elles-mêmes présentes à notre esprit, ou que, par la réflexion, il les développe, en examine la nature, les caractères et les rapports. Nous pensons, il est vrai avec les mots, mais sans avoir besoin de parler réellement.

Par cette indifférence des signes de la parole, par rapport au, fond des idées qu’ils sont destinés à transmettre et à exprimer, le son acquiert ici une nouvelle indépendance. Dans la peinture, il est vrai, les couleurs et leur distribution, comme simples couleurs, n’ont pas en soi de signification propre ; c’est aussi un élément sensible indépendant de la pensée. Mais la couleur, comme telle, ne constitue encore nullement la peinture, la forme et son expression doivent s’y ajouter. Or, ces formes qu’animent l’esprit et la vie, la coloration est avec elles dans un rapport beaucoup plus étroit que les sons et leurs combinaisons, dans le langage, ne peuvent l’être avec les idées. — Maintenant, si nous considérons la différence qui résulte de l’emploi musical et de l’emploi poétique du son, précisément parce que la