Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
ses rapports avec les autres arts.

rentes. Tandis que l’architecture élève ses colossales images que l’œil contemple dans leurs formes symboliques et leur éternelle immobilité, le monde rapide et fugitif des sons pénètre immédiatement par l’oreille dans l’intérieur de l’âme et la remplit d’émotions sympathiques.

2° Si nous comparons maintenant la musique avec les deux autres arts figuratifs, la ressemblance et la différence que l’on peut saisir entre eux reposent déjà en partie sur le principe qui vient d’être indiqué.

La sculpture est l’art dont s’éloigne le plus la musique, à la fois sous le rapport des matériaux, de la manière de les façonner, et de la parfaite fusion de l’idée et de la forme que réalise la sculpture. Quant à la peinture, au contraire, la musique a déjà avec elle une plus grande affinité, tant à cause de la profondeur de sentiment qui domine également dans l’expression que par la manière analogue de traiter les matériaux ; au point qu’ici, comme nous l’avons vu, la peinture ose presque faire incursion dans le domaine de la musique. Toutefois, la peinture a toujours cela de commun avec la sculpture, qu’elle représente des formes étendues et visibles, et qu’elle est liée à cette forme réelle déjà donnée en dehors de l’art. A la vérité, ni le peintre ni le sculpteur ne prennent un visage humain, une position du corps, les lignes d’une montagne, les branches et le feuillage d’un arbre absolument tels que les objets s’offrent à eux çà et là dans la nature. La tâche de l’artiste est de s’approprier ce qui lui est ainsi donné