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ses rapports avec les autres arts.

est de même dans la musique comme art, à proprement parler, romantique. L’identité classique du fond et de la forme est de nouveau brisée d’une manière semblable, mais inverse. En effet, l’architecture, comme mode symbolique de représentation, n’était pas non plus capable d’atteindre à cette unité de l’idée et de l’expression. Seulement, la pensée, d’abord concentrée dans l’âme, faisait effort pour se manifester au dehors, et pour trouver, dans le monde extérieur, des images et des formes propres à la représenter. La musique, n’exprimant que le sentiment, se borne à accompagner les conceptions de l’esprit déjà manifestées pour elles-mêmes par un autre langage. Elle les accompagne de sons mélodiques qui parlent au sentiment, de même que l’architecture, dans son domaine propre, élève autour de la statue de la Divinité l’appareil immobile de ses formes géométriques, de ses colonnes, de ses murailles et de ses poutres.

Dès lors, le son, ses modes et ses combinaisons diverses dans la musique, offrent un caractère bien plus artificiel que les formes du corps, son maintien et sa physionomie dans la sculpture et la peinture.

La musique peut encore, sous ce rapport, être comparée à l’architecture. Celle-ci n’emprunte pas non plus ses formes à la réalité telle qu’elle s’offre dans la nature ; elle les invente et les tire de l’imagination, pour les façonner à la fois d’après les lois de la pesanteur et d’après les règles de la symétrie et de l’eurhythmie. La musique fait de même dans son domaine ; indépen-