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musique.

La sculpture, au contraire, a pris pour objet le principe spirituel. Toutefois, celui-ci n’apparaît pas encore comme caractère individuel ou comme sentiment déterminé de l’ame humaine, mais sous la forme de la libre individualité qui tient le milieu entre l’idée générale et sa manifestation corporelle. En d’autres termes, l’individualité n’entre ici dans la représentation que dans la mesure nécessaire pour animer le fond moral qui en est la base. De son côté, ce dernier ne pénètre les formes du corps qu’autant que le permet l’union indissoluble de l’esprit et de la forme physique qui lui correspond. Or, cette identité nécessaire à la sculpture, cette immanence de l’esprit pressent dans l’organisme corporel et non replié sur lui-même, impose comme condition à cet art de conserver encore, pour élément physique, la matière pesante. Mais, différente en cela de l’architecture, la sculpture ne se borne pas à la façonner comme simple appareil inorganique selon les lois de l’équilibre, elle la convertit en une image d’une beauté classique adéquate à l’esprit et plastiquement idéale.

La sculpture, sous ce rapport, s’est montrée particulièrement propre à rendre vivants dans ses œuvres le fond et le mode d’expression particuliers à l’art classique. De son côté, l’architecture, quelle que fût l’idée au service de laquelle elle travaillât, ne s’était pas élevée, dans son mode de représentation, au-dessus du type fondamental d’une expression purement symbolique. Avec la peinture, nous sommes entrés dans le domaine