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architecture.

architectonique. Seulement, elles ne trouvent que mieux leur propre but dans cet arrangement même, et alors n’ont à supporter ni architraves, ni couvertures. Les grands édifices de ce genre commencent par un chemin pavé, large de cent pieds, suivant le rapport de Strabon, et dont la longueur est triple ou quadruple. De chaque côté de cette avenue (δρύμος) sont des sphinx, rangés par files de 50 à 100, d’une hauteur de 20 à 30 pieds. Puis vient une magnifique entrée (πρόπυλον), plus étroite en haut qu’en bas, avec des piliers d’une masse extraordinaire, de 1 à 20 fois la taille d’un homme, en partie libres et isolés, en partie confondus avec les murs. Ceux-ci, à leur tour, sont des murailles grandioses, libres et indépendantes, plus larges eu bas qu’en haut, s’élevant obliquement jusqu’à la hauteur de 50 à 60 pieds, sans se lier à des murailles transversales, sans supputer de travées, et former ainsi une habitation. Dans leur intervalle se montrent des murs verticaux, mais qui indiquent trop leur destination de supports pour appartenir à l’architecture indépendant. Ça et là, des Memnons s’appuient sur de semblables murailles, qui forment aussi des rangées, et sont couvertes d’hiéroglyphes ou de peintures extraordinaires ; de sorte qu’elles faisaient aux Français, qui les voyaient pour la première fois, l’effet de toiles d’indienne imprimées. On peut les considérer comme les feuillets d’un livre mystérieux, dont les caractères, au milieu de ces masses imposantes, frappent l’ame d’étonne-