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architecture symbolique.

térieur, des ouvertures et des excavations et à y placer les images des dieux. Cette coutume se conserva jusque dans les Hermès grecs, petits temples portatifs. L’origine indienne était les colonnes de phallus non creusées, qui se taillèrent plus tard, se divisèrent en écorce et en noyau, et devinrent des pagodes. Car les véritables pagodes indiennes, que l’on doit bien distinguer de celles qu’élevèrent plus tard les mahométans, et des autres imitations, ne procèdent pas, dans leur construction, de la maison comme modèle ; elles sont effilées et hautes ; leur type original est dans ces monuments en forme de colonnes. La même signification et la même forme se retrouvent dans la conception, agrandie par l’imagination, du mont Mérou, représenté comme un moulinet dans la mer de lait dont a été engendré le monde. Hérodote fait aussi mention de semblables colonnes, les unes ayant la forme de l’organe viril, les autres avec les parties génitales de la femme. H attribue leur construction à Sésostris (ii. c. 162), qui les avait élevées dans ses expéditions chez tous les peuples qu’il avait vaincus. Cependant, à l’époque d’Hérodote, la plupart de ces colonnes n’existaient plus ; il n’en avait vu lui-même qu’en Syrie (c. 106). S’il les attribue toutes à Sésostris, c’est sans doute pour se conformer à la tradition. Il les explique, d’ailleurs, tout-à-fait selon l’esprit grec, transformant le sens physique en un sens moral. Il raconte que quand Sésostris rencontrait, pendant son expédition, des peuples qui étaient braves