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architecture symbolique.

symbolique. De plus, un ouvrage d’architecture, destiné à représenta ainsi une idée générale, n’est là pour aucun autre but que celui d’exprimer en soi cette haute pensée. Il est, par conséquent, le libre symbole d’une idée qui offre un intérêt général. C’est un langage qui, tout muet qu’il est, parle à l’esprit. Les monuments de cette architecture doivent donc, par eux-mêmes, donner à penser, éveiller des idées générales. Ils ne sont pas simplement destinés à renfermer, dans leur enceinte, des choses qui ont leur signification propre et une forme indépendante. Mais ensuite, pour cette raison même, la forme qui manifeste de pareilles idées ne peut plus être un si simple signe, comme le sont, par exemple, chez nous, les croix élevées sur les tombes des morts ou les pierres entassées sur un champ de bataille. Car des signes de cette espèce sont bien propres à rappeler des souvenirs ou à éveiller des idées ; mais une croix, un amas de pierres n’expriment pas, par eux-mêmes, ces idées ; elles peuvent aussi bien servir à rappeler tout autre événement. C’est là ce qui constitue le caractère général de l’architecture symbolique.

On peut dire, sous ce rapport, que des nations entières n’ont su exprimer leurs croyances religieuses, leurs besoins intellectuels les plus profonds, qu’en bâtissant de pareils monuments ; au moins les ont-elles principalement exprimés dans la forme architecturale. Ceci, toutefois, ainsi que nous l’avons vu en traitant de l’art symbolique, n’a eu lieu, à propre-