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son développement historique.

honnêtes bourgeois, qui, satisfaits de leur travail, n’avaient aucune prétention ambitieuse, et, cependant, lorsqu’il s’agissait de défendre leur liberté et leurs droits légitimement acquis, ou les privilèges particuliers de leurs provinces, de leurs villes, de leurs corporations, se levaient, avec une hardie confiance en Dieu, en leur courage et leur intelligence, sans craindre, en face des monstrueuses prétentions de la domination espagnole sur la moitié du monde, de s’exposer à tous les dangers, versaient bravement leur sang, et, par cette légitime audace et cette constance, conquirent leur indépendance religieuse et politique. Certes, si nous avions un mot dans notre langue pour désigner une face éminente et originale du cœur humain, il conviendrait surtout de rappliquer à cette vertu bourgeoise, fidèle, honnête, ayant conscience d’elle-même et pourtant sans orgueil, religieuse sans mélancolique enthousiasme ni dévote rêverie, déployant, à la fois toutes les qualités pratiques dans les rapports de la vie sociale, sans faste, quoique heureuse dans sa richesse, simple, élégante et propre dans ses habitations et son entourage ; qui, au milieu de l’assiduité et du contentement général de toutes les professions, a su, malgré l’indépendance et la liberté toujours croissantes, rester fidèle aux anciennes mœurs, et conserver intacte la probité de ses ancêtres.

Or, maintenant, cette population pleine de sens et heureusement douée pour les arts, elle veut jouir une