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peinture.

de la vie présente. En effet, à partir de ce moment, où domine la mysticité et la piété pures, qui ont pour unique but l’expression de ce sentiment religieux lui-même, la peinture tend, de plus en plus, à associer la vie réelle, extérieure et mondaine, avec les objets religieux. La personnalité joyeuse et énergique des bourgeois du moyen-âge, avec leur vie agitée, leur bravoure et leur patriotisme, le bien-être que procurent les avantages et les jouissances de la vie ; le bonheur de tous les instants que l’homme goûte dans la pratique des solides vertus et la gaîté qui l’accompagne, cette harmonie, à la fois intérieure et extérieure de l’homme avec le monde réel, ce fut là ce qui s’introduisit dans la conception et la représentation artistiques et y prit une place importante. C’est ainsi que nous voyons naître une vive prédilection pour les paysages qui forment le fond du tableau, pour les vues de villes, les entourages d’églises et de palais ; de même, les portraits réels de savants illustres, d’amis, de personnages politiques, d’artistes et d’autres personnages, qui par leur esprit, leurs mœurs aimables, etc., s’étaient concilié la faveur de leurs contemporains, occupent une place dans les situations religieuses. Les traits empruntés à la vie domestique et civile sont employés avec plus ou moins de liberté et de convenance, et quoique l’idée religieuse reste le caractère fondamental, cependant, la représentation de la piété ne fut plus isolée en elle-même, elle fut combinée avec ce qu’il y a d’excellent