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peinture.

cio et Angélique de Fiésole se partagèrent la solution de ce problème, dont les difficultés dépassaient peut-être, à cette époque, les forces d’un seul artiste. Masaccio entreprit, avec la recherche du clair-obscur, d’arrondir, de distribuer et d’ordonner les figures ; Angélique de Fiésole, au contraire, de fonder l’harmonie intérieure, la signification naturelle des traits du visage ; il ouvrit, pour la première fois, cette mine à la peinture. Masaccio a une tendance moins prononcée à la grâce, mais une conception plus grandiose, plus d’énergie, le besoin d’une plus forte unité. Fiésole se distingue par la ferveur de l’amour religieux éloigné de toute affection terrestre, la pureté monacale des sens, l’élévation et la sanctification de l’ame. On sait que Vasari dit de lui : qu’il n’avait jamais peint sans prier auparavant avec effusion, ni représenté les souffrances du Rédempteur sans fondre en larmes. Ainsi, c’était, d’un côté, un plus haut degré de vitalité et de naturel qui constituait principalement ce progrès de la peinture. D’un autre côté, la profondeur du sentiment religieux, la concentration naïve de l’ame dans la foi ne disparurent pas ; mais elles furent encore surpassées parla liberté, l’habileté, la vérité naturelle et la beauté de la composition, du maintien, de l’habillement, de la couleur. Si, plus tard, on sut atteindre à une expression de l’ame de beaucoup plus élevée et plus parfaite, cette époque, cependant, n’a pas été surpassée pour la pureté et l’innocence du sentiment religieux et la profondeur