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peinture.

des caractères, des actions, des passions, des situations, du maintien et des mouvements. Mais ce qui, dans cette direction nouvelle, se perdit relativement, ce fut ce sérieux grandiose, cette sainteté qui faisaient le caractère fondamental de l’époque précédente. Le profane s’introduisit et se développa dans la peinture. Giotto, conformément à l’esprit de son temps, donna même une place au burlesque à côté du pathétique. Aussi, M. de Rhumor, dit-il avec raison (II, p. 72) : « Avec ces circonstances, je ne sais ce que veulent dire ceux qui se sont évertués à faire passer la tendance et le style de Giotto pour ce qu’il y a de plus élevé dans l’art moderne. » Ce savant, d’un sens profond, a rendu un grand service en rétablissant le vrai point de vue pour l’appréciation de Giotto, qui, selon lui, même dans sa tendance à l’humanisation et au naturel, reste encore à un degré assez inférieur.

Dès lors, la peinture se perfectionna dans le sens de cette impulsion que lui avait donnée Giotto. La représentation, d’après les types traditionnels du Christ, des Apôtres et des événements importants dont il est fait mention dans les Évangélistes, fut, de plus en plus, refoulée en arrière. Cependant, le cercle des sujets s’élargissait par là même, d’un autre côté, quand « toutes les mains étaient occupées à peindre les diverses phases de la vie des saints nouveaux, leur existence mondaine antérieure, le réveil soudain du sentiment religieux, leur entrée dans la vie pieuse des saints et des solitaires, les miracles,