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son développement historique.

marne avant qu’ils se fussent livrés à l’imitation servîle des Byzantins. (Ibid., II., 4., I. 312.) Ces moyens de liaison avaient l’avantage de ne pas assombrir les couleurs, de les laisser claires et pures. Toutefois, le changement opéré par Giotto, sous le rapport du choix des sujets et du mode de représentation, fut encore plus important pour la peinture italienne. Déjà Ghiberti raconte que Giotto avait abandonné la manière grossière des Grecs et, sans dépasser la mesure, introduit le naturel et la grâce. (Ibid., II, 42.) Boccace aussi (Décam., 6., 5 journée) dit de lui que la nature ne produit rien que Giotto ne sache imiter jusqu’à l’illusion. Dans les tableaux byzantins, on peut à peine découvrir une trace de l’observation de la nature. Ce fut Giotto qui, le premier, fixa son attention sur les objets de la nature et du monde réel, compara les figures et les affections de l’ame, et entreprit de les représenter avec la vie telle qu’il la voyait se mouvoir autour de lui. À cette direction se joignit une circonstance favorable, c’est que, du temps de Giotto, non seulement les mœurs, en général, étaient plus libres et la vie plus gaie, mais on vit s’introduire alors le culte de plusieurs nouveaux saints qui étaient plus rapprochés de l’époque du peintre lui-même. Dans sa tendance à l’actualité contemporaine, Giotto les choisit particulièrement pour sujets de son art. De sorte que, pour le fond même de la représentation, il fallait tâcher d’atteindre au naturel dans l’extérieur des personnages, à l’expression