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peinture.

beauté elle-même, ils ne s’occupent pas seulement de la beauté de la forme, de l’accord de l’ame avec le corps, accord répandu dans ses proportions sensibles ; mais encore de ce trait de l’amour et de l’harmonie intérieure, dans chaque empreinte, signe ou manifestation individuelle du caractère. C’est le papillon de Psyché, qui, dans l’éclat rayonnant de son ciel, voltige même autour des fleurs les moins heureusement écloses. C’est seulement par cette beauté riche, libre, parfaite, qu’ils se sont rendus capables de représenter, parmi les modernes, l’idéal antique. —

Mais, un aussi haut degré de perfection n’a pas, en quelque sorte, été accordé par la nature, à la peinture italienne ; elle a eu un long chemin à parcourir avant de pouvoir y atteindre. Cependant, la piété pure et innocente, le sens grandiose de la conception dans son ensemble, et la beauté naïve de la forme, la profondeur du sentiment se rencontrent déjà ordinairement, de la manière la plus frappante, même dans les anciens maîtres italiens, malgré toute l’imperfection de l’exécution technique. Dans le siècle précédent, on a peu apprécié ces anciens maîtres ; on les a sèchement et durement repoussés y comme ayant manqué d’habileté. Dans ces derniers temps, ils ont été, de nouveau, tirés de l’oubli par les savants et les artistes, mais alors aussi, admirés et imités avec une prédilection excessive ; et cette tendance qui voudrait nier les progrès ultérieurs dans la concep-