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de la caractérisation.

avec les bourreaux, (par exemple, dans la passion du Christ,) ou avec les damnés et les démons dans l’enfer. Michel-Ange, en particulier, savait peindre des démons qui, pour les proportions fantastiques, dépassaient, il est vrai, la mesure des formes humaines, mais où le type humain était néanmoins conservé.

Toutefois, si les personnages que représente la peinture doivent offrir en soi un tout vivant où l’on reconnaisse le caractère particulier de l’individu, ce n’est pas à dire, pour cela, qu’en eux il ne peut pas apparaître quelque chose d’analogue à ce qui constitue l’idéal dans l’art plastique. Dans les sujets religieux, à la vérité, l’expression fondamentale de l’amour pur est la chose principale, surtout dans la Vierge, dont toute l’essence consiste dans cet amour ; de même, dans les femmes qui suivent le Christ, dans les disciples, dans saint Jean, le disciple de l’amour. Mais, avec cette expression peut aussi se marier la beauté sensible des formes, comme cela a lieu, par exemple, chez Raphaël. Seulement, elle ne doit pas dominer comme simple beauté de la forme, elle doit être pénétrée et glorifiée intérieurement par l’expression de l’ame et du sentiment ; et ce sentiment profond de l’ame doit se révéler comme le but et le fond essentiel de la représentation. La beauté trouve aussi un libre champ dans les figures d’enfant du Christ et de saint Jean-Baptiste. Dans les autres figures, d’apôtres, de saints, de disciples, de sages de l’antiquité, etc., cette expression de haute sentimentalité