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peinture.

des hommes, nous avons maintenant sous les yeux des personnages particuliers avec les accidents propres à leur physionomie individuelle. Dès lors aussi, cette perfection de la forme corporelle, avec laquelle s’harmonisait le principe spirituel dans son existence saine et libre, en un mot, ce que nous avons appelé la beauté idéale dans la sculpture, il ne faut ni la chercher au même degré dans la peinture, ni même vouloir en faire ici la chose principale, puisque maintenant c’est le sentiment intime de l’ame et sa personnalité vivante qui constituent le centre de la représentation. Dans cette région morale, ce qui appartient au règne de la nature ne peut pénétrer aussi avant. De même que la conscience morale pouvait se montrer sous la figure de Silène d’un Socrate, de même la pureté du cœur, la sainteté de l’ame peuvent habiter dans un corps laid, si on le considère en soi dans sa forme purement extérieure. Sans doute, en représentant la beauté spirituelle, l’artiste évitera la laideur des formes corporelles, ou il saura la dominer, par la puissance de l’ame qui perce à travers le corps, et la glorifier. Toutefois il ne pourra éviter tout-à-fait la laideur. Car le fond de la représentation dans la peinture, ainsi que nous l’avons longuement décrit plus haut, renferme en soi un côté pour lequel la difformité et la laideur des figures humaines et des physionomies sont précisément nécessaires. C’est le cercle de la perversité et de la méchanceté, qui sont mises en scène dans les sujets religieux, principalement