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peinture.

Ici, au contraire, il est indispensable de placer ces figures en mouvement et en action, ou, au moins, dans des situations par lesquelles elles puissent être en relation vivante avec les objets extérieurs environnants, et acquérir ainsi l’individualité caractéristique d’un tout complet en soi. La tête de l’Enfant prodigue de Kügelchen, exprime, il est vrai, très bien la douleur, le profond repentir et la contrition ; mais que ce doive être précisément le repentir de l’Enfant prodigue, c’est ce qui n’est indiqué que par un petit troupeau de pourceaux dans le fond du tableau. Au lieu de cette indication symbolique, nous devions le voir au milieu de ses pourceaux, ou dans une autre scène de sa vie. Car l’Enfant prodigue n’a aucune autre personnalité, en général, bien caractérisée ; et, a moins d’être une simple allégorie, il n’existe pour nous que dans la succession connue des situations où le récit biblique le représente. Il fallait nous le montrer dans un moment déterminé, quittant la maison paternelle, ou dans sa misère, son repentir et son retour. Mais ainsi, ces pourceaux dans le fond du tableau ne valent pas beaucoup mieux qu’un écriteau avec le nom inscrit.

En général, la peinture, par cela même qu’elle a pour objet la représentation du sentiment intime dans sa parfaite particularité, peut, encore moins que la sculpture, s’en tenir à l’immobilité, privée de situation, d’un personnage indépendant, et à la simple conception d’un caractère idéal. Elle doit donc s’ef-