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de la conception.

personne, et aussi à cause de leur individualité. Mais si les personnages sont oubliés ou inconnus, alors, en les représentant dans une action ou une situation qui montre un caractère déterminé, on éveille un intérêt tout autre que celui qui s’attache à un tel mode de conception entièrement simple. De grands portraits, lorsque l’art a employé tous ses moyens pour les faire poser devant nous avec une parfaite vitalité, ont, grâce à cette richesse d’expression et de réalité, la propriété de sortir, en quelque sorte, de leur cadre. Dans les portraits de Van Dyck, par exemple, surtout quand ta figure n’est pas tout-à-fait en face, mais un peu tournée de côté, le cadre m’a paru comme la porte par où le personnage entre dans le monde. Les individus, par conséquent, ne sont pas, comme les saints, les anges, etc., déjà quelque chose de parfait et d’achevé en soi ; or, s’ils ne peuvent devenir intéressants que par une situation déterminée, par un état spirituel, une action particulière, il n’est pas convenable de les représenter comme des figures indépendantes. Ainsi, par exemple, le dernier travail de Kügelchen, à Dresde, était quatre bustes : le Christ, Jean Baptiste, Jean l’Évangéliste, et l’Enfant prodigue. En ce qui concerne le Christ et Jean l’Évangéliste, je trouvai, lorsque je les vis, que la conception était parfaitement conforme au but ; mais saint Jean-Baptiste, et surtout l’Enfant prodigue, ne m’offrent pas une individualité telle que je puisse les reconnaître, de celte façon, dans de simples bustes.