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haut degré que la peinture a la détrempe, la transparence des différents tons.

Enfin, le troisième point qui nous reste à mentionner, concerne l’aspect vaporeux et la magie dans l’effet du coloris. Cette magie du coloris ne se montre que là où la substance et la matérialité des objets s’est comme dissipée et laisse à sa place apparaître la spiritualité dans la conception et l’exécution des couleurs. En général, on a coutume de dire que la magie des couleurs consiste à traiter toutes les couleurs de telle façon, qu’elles produisent à l’œil un jeu d’illusion formé par la surface la plus extérieure et comme flottante du coloris, un échange des couleurs, des apparences de reflets qui se reproduisent dans d’autres apparences, et cela d’une manière si insaisissable, si fugitive, si animée, que la peinture commence à passer dans le domaine de la musique. C’est sous le rapport du modelé que consiste ici la perfection du clair obscur. En cela, les Italiens, et avant tout Corrège, ont excellé. lis sont allés jusqu’aux ombres les plus profondes, mais qui elles-mêmes restent transparentes et s’élèvent par gradations jusqu’à la lumière la plus éclatante. Par là, on produit à l’œil la plus haute perfection dans les contours. Nulle part une aspérité ou une solution de continuité ; partout de douces transitions. La lumière et les ténèbres n’agissent pas immédiatement, simplement comme lumières et ténèbres ; elles apparaissent l’une à travers l’autre, comme une force agit du dedans à travers une forme exté-