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fond romantique de la peinture.

ces objets ont déjà de l’intérêt en eux-mêmes, en tant que c’est la libre vitalité de la nature qui apparaît en eux, et qui produit une certaine harmonie avec l’ame humaine, comme étant elle-même vivante. En second lieu, les situations particulières des objets portent dans l’ame des dispositions qui correspondent à celles de la nature. L’homme peut sympathiser avec cette vitalité, avec cette voix qui résonne dans son ame, et par là entrer aussi en union intime avec la nature. De même que les Arcadiens parlaient d’un Pan qui, dans la sombre solitude des bois, jetait l’épouvante et l’effroi, de même la nature, avec ses divers aspects et ses paysages, sa douce sérénité, son calme vaporeux, sa fraîcheur au printemps, sa morne immobilité en hiver, son réveil du matin, son repos du soir, nous offre les situations analogues de l’ame. La profondeur calme de la mer, la présence d’une puissance infinie capable de soulever les flots, ont un rapport avec l’ame. De même qu’aussi, dans la tempête, le mugissement et le gonflement des vagues écumantes, qui se brisent et se déchaînent avec fureur, excitent en nous des mouvements sympathiques. Cette sympathie profonde, elle est aussi l’objet de la peinture. Aussi, ne devons-nous pas considérer comme son sujet véritable les objets de la nature en eux-mêmes, dans leur forme et leur disposition purement extérieures, au point qu’elle soit une simple imitation. Son but est de faire vivement ressortir et rehausser la vitalité de la nature, qui perce partout,