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peinture.

pas produit toute la satisfaction que je devais en attendre. Celle de Van Eyck est, à la vérité, dans la forme, le front y la couleur, dans toute la conception, pleine de grandeur ; mais la bouche et l’œil n’expriment rien au-dessus de l’humain. L’expression est plutôt celle d’un sérieux fixe, et cela est encore augmenté par le caractère typique de la forme et de la séparation des cheveux. Si, au contraire, de pareilles têtes se rapprochent, dans l’expression et les traits, de l’individualité humaine, et qu’alors elles affectent, en même temps, l’aménité, la grâce, la douceur, elles perdent facilement de la profondeur et de la puissance d’expression. Mais ce qui leur convient le moins, comme je l’ai fait voir précédemment, c’est la beauté de la forme grecque.

Par conséquent, une manière plus convenable de prendre le Christ pour objet de tableaux, c’est de le représenter dans les situations de sa vie réelle. Cependant, il est, sous ce rapport, une distinction qu’il ne faut pas oublier. D’abord, dans l’histoire de la vie du Christ, la personnalité humaine, dans le Dieu, est un moment essentiel. Le Christ est une des personnes divines ; mais il est aussi un homme réel, c’est à ce titre qu’il est descendu parmi les hommes ; il ne peut donc être représenté que sous les traits et le mode de manifestation qui conviennent à l’homme. Mais, d’un autre côté, il n’est pas seulement un homme individuel, il est aussi complètement dieu. Or, dans de telles situations où la divinité doit dominer l’indivi-