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peinture.

peinture, lorsqu’elle veut représenter Dieu le père comme le conçoit la foi chrétienne, a de grandes difficultés à surmonter. Le père des dieux et des hommes, comme personnage individuel, a été épuisé dans Jupiter. Ce qui, au contraire, manque au Dieu le père chrétien, c’est l’individualité humaine, sous les traits de laquelle la peinture peut seulement reproduire le spirituel. Ensuite, pris en lui-même, Dieu le père, est, à la vérité, une personne spirituelle avec les attributs de la toute-puissance, de la plus haute sagesse, etc. ; mais elle reste en même temps privée de forme, comme une abstraction de la pensée. Or, la peinture ne peut éviter l’anthropomorphisme. Elle doit, par conséquent, lui donner les traits de la figure humaine. Mais, quelque générale, quelque sublime qu’elle se maintienne, quelles que soient la profondeur et la puissance empreinte dans ses traits, il n’en naîtra toujours qu’un personnage humain plus ou moins sérieux ; ce qui ne répond toujours qu’imparfaitement à l’idée de Dieu le père. Parmi les anciens peintres flamands, par exemple, Van-Eyck, a atteint, dans son Dieu le père, sur le tableau du maître-autel, à Gand, la perfection qui pouvait être produite dans ce genre. C’est une œuvre que l’on peut mettre à côté du Jupiter olympien. Néanmoins, quelque parfait que soit ce tableau par l’expression de l’éternel repos, de la grandeur, de la puissance, de la dignité, etc., et bien que, pour la conception et l’exécution, il soit aussi profond et aussi sublime qu’il