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fond romantique de la peinture.

rang dos dieux, et là jouit du repos et de de la félicité. Mais les travaux d’Hercule ne sont que des travaux physiques. La félicité qui lui est accordée en récompense n’est qu’un repos silencieux, et l’ancienne prophétie qui annonce que par lui doit finir le règne de Jupiter, lui le héros par excellence, il ne l’a pas accomplie. Le règne de ces dieux indépendants ne cessé que quand l’homme, au lieu de dragons, ou de l’hydre de Lerne, dompte les dragons et les serpents de son propre cœur, amollit sa dureté et humilie l’orgueil de sa volonté. C’est seulement par là que la sérénité naturelle de l’ame passe à une sérénité plus haute, celle de l’esprit, qui succède à la lutte et aux déchirements intérieurs, et atteint, par l’effort et le sacrifice, à une paix infinie. En un mot, il faut que le sentiment de la sérénité et du bonheur soit glorifié et élevé jusqu’à la sainteté. Car, autrement, le bonheur et la félicité conservent encore un rapport physique avec les objets et les situations extérieurs. Dans la sainteté, au contraire, les plaisirs relatifs à l’existence extérieure sont rejetés ; le bonheur réside tout entier dans la jouissance intérieure de l’ame. La sainteté est un bonheur conquis, et qui se justifie par cela seul. C’est la sérénité de la victoire, le sentiment de l’ame qui a effacé en soi le sensible, le fini, et par là s’est délivrée des soins qui veillent toujours et guettent le moment de la ressaisir. L’ame est sainte qui, à la vérité, est entrée dans une vie de