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son caractère général.

sion qui réside dans le sujet représenté, la profondeur de l’idée, refoulent cette démonstration d’habileté parfaite dans l’art de peindre, comme n’étant pas encore essentielle. C’est ainsi, par exemple, que les cartons de Raphaël sont d’un prix inestimable, parce qu’ils révèlent l’excellence de la conception. Il est des points où Raphaël, même dans les tableaux achevés, quelque perfection qu’il ait atteint dans le dessin, la pureté des figures, à-la-fois idéales et empreintes d’individualité vivante, dans la composition et le coloris, a été certainement surpassé par les maîtres hollandais, dans le coloris, l’ordonnance d’un paysage, etc. Cela est plus vrai encore des maîtres antérieurs de l’art italien, auxquels Raphaël le cède déjà pour la profondeur, la force et le sens mystique de l’expression, comme il les a surpassés dans l’art de peindre, dans la beauté du groupement vivant, dans le dessin, etc.

Mais, d’un autre côté, la peinture ne doit pas s’arrêter à la représentation de ces sujets où l’esprit paraît absorbé dans une pensée générale et profonde, et où l’ame se révèle sa nature infinie ; elle doit aussi ouvrir le champ libre aux particularités. Celles-ci, reléguées jusqu’ici dans le fond du tableau comme simples accessoires, réclament leur indépendance. Maintenant, dans le progrès de l’art passant du sérieux le plus profond à la représentation des objets extérieurs et particuliers, la peinture doit aller jusqu’à l’extrême opposé, jusqu’à la représentation de la simple