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son caractère général.

Mais, en troisième lieu, le clair et l’obscur, les ombres et la lumière ainsi que leurs jeux alternatifs ne sont qu’une abstraction : ils n’existent pas ainsi séparés dans la nature, et par conséquent ils ne peuvent pas être non plus employés de cette façon comme matériaux sensibles.

Si la lumière, en effet, comme nous l’avons dit, a pour opposé l’obscur, les deux principes toutefois ne restent pas indépendants ; ils se posent comme unité, comme combinaison de la lumière et de l’obscur. La lumière, ainsi troublée, obscurcie en elle-même, mais qui en même temps pénètre l’obscur et l’éclaircit, tel est l’élément physique propre à la peinture. La lumière en soi est incolore, indéterminée, comme ce qui est identique à soi-même. Pour la couleur, qui, vis-à-vis de la lumière, est déjà quelque chose de relativement obscur, il faut ce qui se distingue de la lumière, un obscurcissement avec lequel se combine le principe de la lumière. C’est, par conséquent, une mauvaise et fausse opinion que de se figurer la lumière comme composée de diverses couleurs, c’est-à-dire, des diverses manière dont elle est obscurcie.

Formes, éloignement, limites, contours, en un mot, tous ces rapports dans l’espace, et les différents modes selon lesquels les objets y apparaissent, sont manifestés, dans la peinture, par la couleur, dont le caractère plus idéal est aussi plus capable de représenter un fond plus idéal. Par les oppositions profondes, les gradations infiniment variées, la finesse