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peinture.

dans une relation beaucoup plus étroite avec le spectateur, que cela n’a lieu dans l’œuvre de la sculpture. La statue conserve la plus grande part de son indépendance ; elle se soucie peu, s’occupe peu du spectateur, qui peut se placer comme il le veut, pour la regarder. Son point de vue, ses mouvements, les pas qu’il fait autour d’elle tout cela est pour l’œuvre d’art quelque chose d’indifférent. Sans doute, pour conserver cette indépendance, il faut aussi, cependant, que l’image de la sculpture offre quelque chose au spectateur, de quelque côté qu’il la considère. Mais si cette indépendance doit se maintenir dans la sculpture, c’est que le fond de la représentation est l’existence qui repose extérieurement et intérieurement sur elle-même : l’existence renfermée en soi et objective. Dans la peinture, au contraire, dont l’essence est de manifester le sentiment intérieur, et encore le sentiment en soi déterminé, si ce double point de vue (de l’objet et du spectateur) dans l’œuvre d’art, doit aussi apparaître, il doit s’effacer immédiatement, par cela même que, représentant surtout l’ame, le tableau retourne toujours à sa destination essentielle de n’être là que pour le spectateur et non pour lui-même. Le spectateur est, en quelque sorte, associé dès l’origine à la conception ; sa part est faite, et l’œuvre d’art est subordonnée à ce point fixe du sujet. Or, pour cette destination, toute contemplative comme pur reflet de l’esprit, la simple apparence de la réalité suffit. L’étendue totale ou réelle ne fait que