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soins de la vie, qui, par conséquent aussi, doivent s’offrir dans les conceptions de l’artiste.

À ceci se rattache égaiement le troisième côté, savoir : que la peinture s’empare du sentiment comme sujet de ses représentations. Ce qui vit au fond de l’ame offre, en effet, un caractère subjectif, même lorsque le sentiment se rapporte à quelque chose d’objectif et d’absolu. En effet, les sentiments du cœur humain peuvent embrasser il est vrai, le général ; mais, comme sentiments, ils ne conservent pas ce caractère de généralité ; ils apparaissent sous la forme du mot qui, comme sujet déterminé, se conçoit et se sent affecté de telle ou telle manière. Pour rendre au sentiment son caractère d’objectivité et de généralité, il faut que je m’oublie moi-môme. Ainsi, sans doute, la peinture représente le sentiment intérieur sous la forme des objets extérieurs ; mais il est son fond propre. Aussi, sous le point de vue de la forme, elle ne peut pas offrir des images aussi déterminées, du divin, par exemple, que la sculpture, mais seulement des conceptions indéterminées qui tombent dans le domaine du sentiment. Cela semble, il est vrai, contredit par ce fait, que nous voyons l’ensemble des objets extérieurs qui entourent l’homme : les montagnes, les vallées, les prairies, les ruisseaux, les arbres, les arbrisseaux, la mer et les vaisseaux, le ciel et les nuages, les édifices, les appartements, etc., maintes et maintes fois choisis, de préférence, par les peintres les plus célèbres pour sujets de leurs ta-