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sculpture.

tés de passion, de plaisir, de désirs, pour les caprices, les saillies et les fantaisies, ne doit s’y trahir ; car, ce qui est ordonnée l’artiste, au moins dans ses plus hautes représentations, c’est, on Va vu, de représenter uniquement i*esprit sous une forme corporelle, avec les traits simplement généraux de la structure et de l’organisme du corps humain. Son invention se borne, en partie, à savoir établir un accord entre l'intérieur et l’extérieur, en partie, à donner au personnage le degré juste d’individualité où celle-ci incline encore à l’universel, et par là se marie avec lui. La sculpture doit faire comme font les dieux dans leur propre domaine, qui créent d’après des idées éternelles, et laissent à la créature le soin d’achever sa liberté et sa personnalité dans le monde réel. Les théologiens établissent également une différence entre ce que Dieu fait et ce que l’homme accomplit dans sa présomption et sa volonté arbitraire. L’idéal plastique est au-dessus de pareilles questions. Il occupe ce milieu de la félicité divine et de la libre nécessité, où ni l’abstraction de la généralité, ni l’arbitraire de la particularité n’ont plus de valeur et de signification.

Ce sens du vrai caractère plastique, de l’union de l’humain et du divin, fut principalement propre à la Grèce. Soit qu’on l’envisage dans ses poètes ou ses orateurs, soit qu’on l’étudie dans ses historiens ou ses philosophes, on ne l’a pas encore saisie à son point central, si l’on n’apporte, comme la clé qui en donne l’explication, le point de vue de la sculpture, si Ton ne