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sculpture.

ment de la manière et du mode selon lesquels les sentiments et les passions déterminés s’incarnent dans certains organes. Ainsi, l’on dit, par exemple, que la colère a son siège dans la bile, le courage dans le sang. Ces expressions, pour être souvent répétées, n’en sont pas moins fausses ; car, bien que l’activité de certains organes réponde à certaines passions, la colère cependant ne réside pas dans la bile ; mais, en tant que la colère est corporelle, c’est, si l’on veut, principalement dans la bile que se manifeste son action. Du reste, cette pathognomique, comme on rappelle, ne nous regarde en rien. puisque la sculpture n’a affaire qu’à ce qui passe de l’intérieur de l’ame dans l’extérieur de la forme corporelle, et y révèle l’esprit corporellement. Les vibrations sympathiques de l’organisme intérieur, qui correspondent aux mouvements de l’ame sensible, ne sont pas l’objet de la sculpture. Il est même beaucoup de choses qui apparaissent à la surface du corps et qu’elle ne peut accueillir, ainsi, le tremblement de la main et de tout le corps, dans l’expression de la fureur, le mouvement convulsif des lèvres, etc.

Quant à la physiognomique, je me contenterai de dire ici que si, en effet, l’œuvre de sculpture, qui a pour base la forme humaine, doit montrer comment le corps représente déjà, par sa forme, non-seulement l’élément substantiel de l’esprit, à la fois divin et humain en général, mais encore le caractère particulier et individuel de chaque homme ou de chaque