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sculpture.

sidérée d’une manière aussi abstraite et aussi absolue. D’abord, l’ivoire et l’or ne sont encore nullement remploi des couleurs de la peinture, Ensuite, les divers ouvrages d’un art particulier ne maintiennent pas toujours, dans la réalité, l’idée fondamentale dans une aussi stricte invariabilité ; ils sont obligés de se prêter d’une manière plus vivante à des fins diverses ; ils ont un local différent, et par-là s’harmonisent avec des circonstances extérieures qui, dès-lors, modifient leur type propre. Ainsi, les images de la sculpture étaient souvent faites d’une matière riche comme l’or et l’ivoire ; en outre, elles étaient assises sur des sièges magnifiques, ou reposaient sur un piédestal lui-même façonné avec art et où le luxe avait déployé ses prodigalités ; elles avaient des ornements précieux, afin que le peuple, en contemplant des ouvrages d’une telle magnificence pût, en même temps, jouir du spectacle de sa puissance et de sa richesse. La sculpture, en particulier, par cela même qu’elle est un art plus simple, ne se renferme pas dans cette simplicité abstraite ; elle apporte d’abord avec elle beaucoup d’accessoires qui tiennent à l’élément traditionnel et stationnaire, au local, aux origines. D’un autre côté, elle fait beaucoup de concessions aux besoin d’originalité qui caractérise l’esprit populaire. Car l’homme de la vie active demande une variété qui réjouisse l’œil ; il veut qu’on occupe ses sens et son imagination sous plusieurs aspects. Il en est ici comme de la lecture des tragédies grecques, qui ne nous donne