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sculpture.

sions de l’étendue, qui constituent, en réalité, la forme humaine et celle des autres êtres, n’emploie que la surface. Quant au discours, il exprime encore moins le corporel ; il ne peut qu’en transmettre l’idée par le son.

Cependant ; il en est tout autrement. Si l’image créée par la sculpture paraît offrir quelque chose de plus naturel, précisément, cette forme corporelle, représentée par la matière pesante, n’est pas la vraie nature de l’esprit comme tel. Celui-ci, au contraire, ne s’exprime bien que par la parole, par les actions qui révèlent et développent sa pensée intime, et le montrent tel qu’il est ; et, sous ce point de vue, la sculpture devra être inférieure surtout à la poésie. Les arts du dessin, il est vrai, l’emportent par la clarté plastique ; qui nous met sous les yeux la forme corporelle. Et encore, la poésie ne peut elle pas décrire la figure de l’homme, sa chevelure, son front, ses joues, sa taille, son vêtement, son maintien ? Elle ne le fait pas avec la même précision et la même exactitude ; mais, ce qui lui manque sous ce rapport, l’imagination y supplée. Celle-ci, d’ailleurs, n’a pas besoin, pour se les représenter, d’une détermination aussi exacte et aussi détaillée. La poésie montre, avant tout, l’homme en action, l’homme agissant en vertu de ses idées et de ses passions, accomplissant sa destinée dans les diverses circonstances de la vie ; elle reproduit ses impressions, ses discours, les révélations de son ame, les événements extérieurs.