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architecture romantique.

être remplies d’hommes et ne renferment que des stalles. À l’extérieur, l’édifice monte, s’élance librement dans les airs. De sorte que la conformité au but, quoique s’offrant aux yeux, s’efface néanmoins et laisse à l’ensemble l’apparence d’une existence indépendante. Rien ne le limite et ne l’achève parfaitement ; tout se perd dans la grandeur de l’ensemble. Il a un but déterminé et le montre ; mais dans son aspect grandiose et son calme sublime, il s’élève au-dessus de la simple destination utile, à quelque chose d’infini en soi. Cet affranchissement de l’utile et de la simple solidité constitue un premier caractère. D’un autre côté, c’est ici que, pour la première fois, la plus haute particularisation, la plus grande diversité et multiplicité trouvent le champ le plus libre, sans que, toutefois, l’ensemble se dissémine en simples particularités et en détails accidentels. Au contraire, la grandeur de l’œuvre d’art ramène cette multiplicité de parties à la plus belle simplicité. La substance du tout se partage et se dissémine dans les divisions infinies d’un monde de formes individuelles ; mais, en même temps, cette immense diversité se classe avec simplicité, se coordonne régulièrement, se distribue avec symétrie. L’idée totale s’affermit, en même temps qu’elle se meut et se déploie avec l’eurythmie la plus satisfaisante pour les yeux ; elle ramène cette infinité de détails à la plus ferme unités et y introduit la plus haute clarté, sans leur faire violence.