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architecture.

modernes ; et il dit : « La colonne n’est nullement une partie intégrante de nos habitations ; elle répugne plutôt à l’essence de toutes nos constructions. Nos maisons ne naissent pas de quatre colonnes aux quatre angles ; elles procèdent de quatre murs sur les quatre côtés, lesquels remplacent toutes les colonnes ou plutôt les excluent ; et là où vous les rajustez maladroitement, elles sont une incommode superfluité. Il en est de même de nos palais, de nos églises, un petit nombre de cas exceptés, dont je n’ai pas besoin de tenir compte. » — Dans cette sortie, occasionnée par un sentiment libre et juste de la réalité, est exprimée le vrai principe de la colonne. Dans l’architecture moderne, nous trouvons, en effet, souvent l’emploi des pilastres ; mais on les a considérés comme l’ombre répétée des colonnes antérieures. D’ailleurs, ils ne sont pas ronds, mais offrent des surfaces planes.

Il est évident, d’après cela, que les murailles, à la vérité, peuvent aussi supporter ; que cependant, puisque déjà la fonction de support est remplie par les colonnes, elles doivent avoir essentiellement pour but, dans l’architecture classique perfectionnée, de servir d’abri. Si elles supportent comme les colonnes, celles-ci n’ont plus de destination propre, comme cela doit être exigé ; elles cessent d’être des parties distinctes de l’édifice. Les murailles, à leur tour, ne présentent plus à l’esprit une idée nette, mais confuse. C’est pourquoi, dans la construction des temples, la salle du milieu, où se trouve l'image du dieu, est