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architecture classique.

mais des surfaces planes, qui peuvent s’étendre précisément de manière à former une muraille.

Ainsi, Goëthe, dans un écrit de sa jeunesse sur l’architecture allemande (1773), fait une violente sortie contre ce système. « Connaisseur formé à la nouvelle école philosophique des raisonneurs français, tu nous dis que le premier homme, dont l’esprit inventif chercha à pourvoir à ses besoins, ficha quatre pieux en terre, attacha dessus quatre perches et couvrit le tout de chaume et de mousse. Qu’est-ce que cela nous fait ? Et encore est-il faux que ta cabane soit la plus ancienne du monde. En ayant, deux perches qui se croisent à leur sommet, deux autres, en arrière, et une au-dessus, en travers, pour former le faîte, voilà ce qui est et reste, comme tu peux le remarquer tous les jours dans les tentes des camps et dans les cabanes des coteaux vignobles, une invention bien plus primitive, mais dont tu ne pourras jamais tirer un principe pour ton étable à porcs. » — Goëthe veut prouver, par là, que des colonnes scellées dans les murs, dans des constructions qui ont pour but essentiel d’abriter, sont une absurdité. Ce n’est pas qu’il ne veuille reconnaître la beauté des colonnes ; au contraire, il les vante beaucoup. Seulement : « Gardez-vous bien, ajoute-t-il, de les employer mal à propos. Leur nature est d’être libres. Malheur aux misérables qui ont scellé leur taille déliée dans de massives murailles. » De là il passe à l’architecture proprement dite du moyen âge et à celle des temps