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architecture.

la plus haute antiquité. Hirt dit ailleurs que l’usage des demi-colonnes est aussi ancien que l’architecture même. Il conclut leur origine de ce principe : que les colonnes et les piliers qui soutiennent et portent les toits ou les ouvertures rendent néanmoins nécessaires des murs intermédiaires, pour préserver du soleil et des injures de l’air. Or, maintenant, comme les colonnes soutiennent suffisamment par elles-mêmes, il ne serait pas nécessaire d’élever des murailles aussi épaisses et d’employer des matériaux aussi solides que ceux des colonnes ; ce qui expliquerait pourquoi celles-ci d’ordinaire font saillie en dehors. — Cette origine peut être vraie ; cependant les demi-colonnes sont, absolument parlant, de mauvais goût, parce qu’ainsi deux buts opposés de deux manières sont juxtaposées et se mêlent sans nécessité intime. On peut sans doute défendre les demi-colonnes ; c*est lorsque, dans l’explication de la colonne, on part si rigoureusement de la construction en bois, qu’on la regarde comme principe fondamental, même au point de vue de l’abri. Toutefois, dans les murs massifs, la colonne n’a plus aucun sens ; elle est réduite à n’être qu’un poteau. Car la colonne proprement dite est essentiellement ronde, fermée sur elle-même. Elle exprime à l’œil, précisément par cette délimitation parfaite, qu’elle répugne à toute modification dans le sens des surfaces planes et, par conséquent, à tout revêtissement de murs. Si donc, l’on veut avoir, dans les murs, des appuis, ce ne doit pas être des colonnes,