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qu’un rapport accidentel ; de telle sorte que la pesanteur apparaît dans la matière comme un étranger qui y arrive on ne sait d’où, ni comment[1]. De plus, par la raison que, d’une part, l’atome est un élément indivisible, qui n’a pas de rapport consubstantiel avec un autre atome (ce rapport constitue le moment de la continuité et de la divisibilité), et que, d’autre part, la pesanteur est une force essentiellement centrale, l’atome n’a qu’à tomber suivant la verticale. Et ainsi, la pesanteur ne sera que la force attractive, et l’autre moment de la force et de la matière, la répulsion, demeurera inexpliquée et inexplicable, ou, si on l’explique, ce sera par l’addition d’une force qui, comme nous l’avons fait remarquer, viendra s’ajouter accidentellement à la force attractive, comme la pesanteur s’est ajoutée accidentellement à la matière[2]. Or, l’attraction et la répulsion sont deux moments insépara-

  1. C’est ainsi que dans une autre sphère on dit : l’âme est simple quant à son essence. D’où l’on conclut que la pensée, l’imagination, la volonté, etc., ne font pas partie de l’essence de l’âme. C’est là ce procédé superficiel qui parle de ce qui est essentiel, et de ce qui n’est pas essentiel, sans déterminer en quoi consiste la véritable essence des choses. Comme si l’essence d’un être résidait ailleurs que dans son idée, et dans l’unité concrète de cette idée ! Comme si dans le cercle le centre était moins essentiel que la circonférence, ou celle-ci moins essentielle que le centre ! Ou, comme si dans l’État les gouvernants et les gouvernés étaient les uns moins essentiels que les autres ! Tout est essentiel dans le tout, par cela même que tout y est nécessaire ; car si les parties ne peuvent être sans le tout, celui-ci ne peut non plus être sans les parties.
  2. Il est évident que la conception newtonienne de la pesanteur est une conception empirique, et nullement rationnelle et spéculative. Comme les corps tombent à la surface de la terre, Newton en a conclu que la pesanteur n’est que la force attractive.