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forme, ni le contenu, et, par suite, l’organisme lui-même ne sauraient exister[1].

Ainsi la matière n’est ni divisible ni indivisible, mais comme l’espace, la quantité, le mouvement, elle est divisible et indivisible à la fois. De fait, un être n’est divisible qu’autant qu’il y a en lui non-seulement l’élément qu’on divise, mais un élément qu’on ne peut pas diviser. S’il n’y avait pas cet élément, sa divisibilité ne pourrait exister, car ce qu’on divise est l’indivisible. Et, par contre, il n’est indivisible qu’autant qu’il y a en lui un élément divisible. Car, s’il n’y avait pas cet élément, son indivisibilité serait l’indivisibilité de rien, ou, ce qui revient ici au même, d’un être qui lui serait absolument étranger ; ce qui veut dire que son indivisibilité est l’indivisibilité de sa

  1. D’ailleurs la chimie elle-même commence à s’apercevoir de ce qu’il y a d’irrationnel dans ses théories de la simplicité et de l’indivisibilité absolue des corps élémentaires. Il y a des chimistes qui se sont déjà déclarés contre la doctrine de la simplicité des métaux, M. Daubeny, par exemple, un des chimistes les plus distingués d’Angleterre. Et la théorie de l’isométrie qui. suivant M. Dumas lui-même, va de plus en plus pénétrant dans la chimie, et y prépare une révolution, place la stabilité et la différence des propriétés chimiques, non dans l’indivisibilité des molécules, mais dans la forme et l’arrangement moléculaire. Ainsi, tous les corps seraient identiques quant à la matière, et ils ne digéreraient que par la forme. Par exemple, l’acide cyanhydrique, ou acide prussique, serait exactement composé de la même matière que le formiate d’ammoniaque, sel des plus inoffensifs. On voit que la chimie va, si l’on peut dire, de la matière à la forme. Tantôt elle place l’élément essentiel de l’être chimique dans la matière (l’atome, la molécule), tantôt dans la forme (la combinaison, l’arrangement des atomes). Mais l’être chimique réel et concret est dans l’unité de la matière et de la forme, c’est-à-dire dans l’idée chimique qui, comme toute idée, est forme et matière, et qui ne constitue qu’un moment de l’idée entière de la nature.