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newtonienne, telle qu’elle a été conçue par Newton, et telle qu’elle a été adoptée, ou développée par la physique moderne.

Mais d’abord, cette théorie, suivant laquelle la matière serait un composé d’atomes, ou de molécules, soulève les objections que soulève toute théorie atomistique[1]. Et le premier défaut des théories atomistiques, c’est de ne pas définir l’atome. L’atome, dit-on, est un élément indivisible. Mais qu’est-ce que cet élément ? Serait-ce un point ? En ce cas, il faudra composer les corps avec des points géométriques. Et puis, le point n’est qu’une abstraction, en ce sens qu’il n’est qu’un élément de la ligne, comme la ligne est un élément du plan, etc. Ou bien serait-ce, comme on dit, une unité de force ? En ce cas, il faudra dire de quelle force on entend parler ; car l’âme aussi est une force, et elle peut être conçue comme constituant une unité de force. Et, d’ailleurs, ce ne peut pas être ici une unité de force ; car la force, la pesanteur, est un élément qui, dans cette théorie, vient s’ajouter à l’atome ou à la molécule.

Un autre reproche qu’on peut adresser à cette théorie, c’est qu’elle supprime l’unité de la matière, cette unité concrète qui contient la divisibilité et l’indivisibilité, la continuité et la discrétion ; et cela, en ne s’apercevant pas que, pendant qu’elle pose l’atome, elle le nie, et que, pendant qu’elle pose l’indivisibilité, elle pose, en même temps, la divisibilité. De fait, les atomes, atome A, atome B, atome

  1. Conf. sur ce point notre critique de la Monadologie de Leibnitz, dans l’Hégélianisme et la philosophie, chap. IV.