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qui vient s’ajouter aux molécules[1]. En tant que principes élémentaires de la matière, les molécules sont complètes. Seulement, elles demeureraient immobiles, et de plus, par la raison que ce sont des éléments complets, et comme des unités distinctes, il n’y aurait pas de rapprochement ou de cohésion entre elles, s’il ne venait s’y ajouter une force centrale qui les meut, en les attirant suivant la même direction, et qui, par là, les unit et les agrège. C’est là ce qui fait que la gravité n’apparaît à Newton que comme une force extérieure et accidentelle de la matière. Car, lorsqu’on conçoit les principes de la matière comme des atomes, et des atomes essentiellement inertes, le mouvement, et le principe du mouvement deviennent des éléments, ou des propriétés surajoutées à la matière, on ne sait par qui ni comment. Maintenant ces atomes rapprochés et agglomérés par l’attraction, forment des masses. Par conséquent, la masse est un composé d’atomes unis par l’attraction. Comme ces atomes sont des unités, plus il y aura de ces unités dans un corps, et plus sa masse sera grande ; et comme chacune de ces unités représente une unité de force, et, pour ainsi dire, une parcelle infiniment petite de cet éther qui pénètre tous les corps, la force attractive de chaque corps sera proportionnelle à sa masse, c’est-à-dire

  1. Si Newton adopte la molécule (particula), c’est qu’elle est plus indéterminée et plus élastique que l’atome, qu’elle se prête mieux à la conception des infiniment petits, et à ce que cette conception a d’arbitraire, qu’elle dissimule les difficultés que présente l’atomisme, et qu’elle dispense de se prononcer sur la question de savoir si la matière est divisible ou indivisible, ou divisible et indivisible à la fois.